[French] Renforcer le Lien Armée-Nation en France

Published by Antoine Labeyrie on

[Ceci est un extrait d’un mémoire de fin d’étude en licence visant à formuler des propositions afin de renforcer le lien armée-nation en France]

Ce que vous voulez comprendre… 🤔

  • Que représente une armée pour sa nation? Que représente une nation pour son armée?
  • Qu’est ce que le lien armée-nation?
  • Quelle est l’histoire du lien armée-nation en France depuis 1789?
  • Que sont les concepts de nation en armes et de citoyen-soldat?
  • Pourquoi le service militaire obligatoire a-t-il été supprimé en 1997?
  • Quel rôle joue la réserve opérationnelle dans le lien armée-nation?
  • Comment la France pourrait-elle renforcer le lien armée-nation?

Le parcours civique du collège universitaire de Sciences Po fut l’occasion d’étoffer ma réflexion sur l’institution militaire et notamment sur la relation qui existe entre une nation et son armée. Cette dernière assure « la protection de la population, l’intégrité du territoire et la permanence des institutions de la République »[i]. L’armée française est considérée comme une émanation de la nation française, ce n’est pas un regroupement de mercenaires insensibles aux caractéristiques uniques de la nation française. Une nation désigne un « groupe humain, généralement assez vaste, dont les membres sont liés par des affinités tenant à un ensemble d’éléments communs ethniques, sociaux (langue, religion, etc.) et subjectifs (traditions historiques, culturelles, etc.) dont la cohérence repose sur une aspiration à former ou à maintenir une communauté. »[ii] Dès lors le lien armée-nation peut être défini comme « le lien unissant les armées à la société qu’elles défendent, à la consistance duquel se mesureraient le soutien aux militaires et l’adhésion aux missions qu’ils accomplissent. »[iii]

Le présent rapport a pour but de proposer des pistes de réflexion afin de renforcer la relation qu’il existe entre une nation et son armée. Nous débuterons cette entreprise par expliquer ce que représente une armée pour la nation et vice-versa. Nous poursuivrons avec un bref récapitulatif historique du lien armée-nation en France depuis la Révolution française de 1789. Nous examinerons ensuite le rôle et les limites de la réserve opérationnelle, à laquelle j’appartiens, dans le maintien de ce lien. Enfin nous proposerons des pistes de réflexion afin de redéfinir la nature de la relation entre une nation et son armée.

I. DE L’IMPORTANCE DU LIEN ARMEE-NATION

A. Que représente l’armée pour la nation?

L’Etat civil succède à l’état de nature suite à l’accord collectif que représente le contrat social tel que défini par Jean Jacques Rousseau[iv]. Lors de cette transition les membres du corps social décident d’abandonner une partie de leur liberté pour davantage de sécurité. Celle-ci est assurée par l’Etat qui dispose du monopole de la violence légitime[v]. Ce pouvoir, incarné par l’armée, doit permettre non seulement à l’ensemble de ses membres de coexister pacifiquement mais aussi de les protéger de menaces extérieures. L’armée se retrouve donc au cœur du contrat social et du compromis entre liberté et sécurité.

Dans une approche française du concept de nation, c’est-à-dire rationaliste et universaliste à l’opposé de l’approche romantique allemande, la nation émerge au moment même où le peuple se réunit autour du contrat social[vi]. Ainsi nait un Etat-nation, la coïncidence entre deux organisations : une politico-juridique et l’autre identitaire. Les membres du corps social, désormais regroupés sous les lois et la juridiction d’un même Etat, sont amenés à partager une Histoire commune qui façonnera leur identité collective, leur citoyenneté, leur nationalité.

La nation est étroitement associée à la constitution d’une armée étatique. En effet, en omettant le cas des mercenaires et en se concentrant sur le cas français, l’Etat construit son armée avec le concours des membres de la nation qui lui est associée. L’une des principales conditions d’éligibilité à l’engagement militaire est la possession de la citoyenneté/nationalité française. En effet, au sein de l’Etat-nation français les deux termes sont interchangeables dans la mesure où les citoyens appartiennent tous à la même nation. Là où la citoyenneté réfère davantage à l’identité politique d’un individu, ses droits, ses devoirs et son appartenance à un Etat, la nationalité renvoie davantage à l’attachement culturel, historique et même émotionnel à une communauté nationale. Bien que ces deux termes aient des significations distinctes, une personne obtient la citoyenneté et la nationalité française en même temps, toujours dans une approche rationaliste et universelle du concept de nation évoquée plus tôt.

Le Président Emmanuel Macron (2017-2027) accompagné par le Chef d’Etat-Major des Armées François Lecointre (2017-2021) lors du défilé du 14 juillet 2019 sur les Champs-Elysées.

L’armée, constituée de nationaux, se retrouve sous le contrôle indirect de ces derniers par le biais du Président de la République française, chef des armées élu démocratiquement au suffrage universel. La nation prend alors en main la défense du territoire national, de ses habitants et de ses institutions étatiques, l’armée étant l’instrument principal pour mener à bien cette mission.

B. Que représente la nation pour l’armée?

Comme nous venons de le voir l’armée est une extension de la nation, elle ne peut exister sans cette dernière. Plus que cela même, l’armée tire sa légitimité de la compréhension et de l’adhésion des citoyens à ses missions. Il apparaît de plus nécessaire de recueillir leur soutien puisqu’en tant que contribuables ils financent directement les dépenses militaires. Néanmoins, plus qu’une sympathie détachée et une confiance timide, l’armée doit chercher à obtenir une véritable adhésion et un soutien manifeste pour l’institution qu’elle est et les missions qu’elle entreprend que ce soit sur le territoire national ou à l’étranger[1]. La formule de Thucydide (Vème siècle av. J-C) résume bien cette idée : « Qu’importe la taille des vaisseaux et des murailles de la Cité si la volonté de défense n’existe pas chez le citoyen. » En effet, un désintérêt généralisé des citoyens à l’égard d’une armée la déconnectera de sa source de légitimité et la rendra obsolète. En effet, la nation représente la raison d’être d’une armée. Le seul objectif de cette dernière est de protéger la nation, ses membres, son territoire et l’Etat qui la représente.

Ainsi l’armée prend vie et sens grâce à la nation qui en est l’origine, le moteur et la vocation.

Nous aborderons plus loin dans ce rapport ce qui concrètement peut être mis en place afin de renforcer la volonté de défense au sein de la population française et ainsi remédier au risque de délitement du lien armée-nation.

II. HISTORIQUE DU LIEN ARMEE-NATION EN FRANCE DEPUIS 1789

A. La Révolution Française et les concepts de nation en armes et de citoyen-soldat

La Révolution de 1789 est l’occasion pour la société française de redéfinir son contrat social. Dans cette période d’instabilité où de nombreux espoirs sont permis, il convient d’assurer la sécurité intérieure du pays en prévenant les révoltes populaires et en faisant respecter les nouvelles lois.

Suite au renvoi par le roi Louis XVI du populaire Ministre des Finances Jacques Necker, des débordements éclatent à Paris où des milices bourgeoises tentent de maintenir l’ordre. Celles-ci s’organisent également dans la peur d’une intervention des troupes suisses et allemandes massées à l’extérieur de la capitale pour disperser les députés de l’Assemblée Nationale Constituante. Cependant les milices citoyennes rejoignent les émeutiers et participent à la prise de la Bastille le 14 juillet 1789. Elles sont ensuite placées par Louis XVI sous le commandement du marquis de La Fayette qui les regroupe sous le nom de Garde Nationale. Le 20 juillet toutes les communes françaises sont dotées d’une Garde Nationale composée d’une large majorité de citoyens actifs – électeurs et résidants français – et de citoyens passifs jugés fidèles à la Révolution et dignes de confiance. Placée sous l’autorité de l’Assemblée Nationale Constituante, ses prérogatives restent limitées dans la mesure où il faut éviter les abus et risques de débordement dans une France en refondation.

Cependant la Garde Nationale ne se cantonne pas à son rôle de maintien de l’ordre puisqu’elle est rapidement considérée comme un réservoir d’hommes pour les troupes royales. En effet depuis avril 1792 et la déclaration de guerre de la France à l’Autriche et la Prusse, les défaites s’accumulent pour les troupes françaises dû au manque de préparation et à la trahison du roi Louis XVI. Néanmoins, c’est la Garde Nationale qui le 20 septembre 1792 à Valmy défait les troupes prussiennes qui marchaient en direction de Paris sous les ordres du duc de Brunswick. Cette bataille d’une importance stratégique toute relative est néanmoins un symbole fort pour les partisans de la Révolution. En effet les troupes françaises étaient principalement constituées de gardes nationaux, des volontaires inexpérimentés dont le patriotisme aurait permis de l’emporter. La bataille de Valmy renforce la légitimité de la Convention Nationale d’instaurer en lieu et place de la monarchie constitutionnelle un régime républicain.

La victoire de Valmy est à l’origine du concept de « nation en arme » et de « citoyen soldat ». A plusieurs reprises au cours des années suivantes, ce patriotisme est mis en exergue afin de répandre les idéaux de la Révolution nationale par les armes. Tout d’abord en 1793 la Convention organise la levée en masse de 300 000 jeunes français pour renflouer les rangs de l’armée, toujours dans le cadre de la guerre contre la Première Coalition qui durera jusqu’en 1797. Cependant dès 1798 le général Bonaparte, après avoir vaincu l’Autriche et l’Italie, doit affronter une deuxième coalition jusqu’en 1802. La loi Jourdan du 5 septembre 1798 met alors en place la conscription militaire obligatoire établissant  que « Tout Français est soldat et se doit à la défense de la patrie »[vii]. L’année suivante dans le contexte de la campagne d’Italie, Napoléon Bonaparte fonde une armée de réserve qui reste cependant très peu utilisée comparativement à la Garde Nationale.

Tout au long du 19ème siècle et dans la première partie du 20ème siècle, les conditions d’éligibilité, les modalités d’engagement et la structure des forces armées ont évolué pour s’adapter aux besoins et aux menaces extérieures. Toutefois ces évolutions n’ont pas transformé de manière significative le lien armée-nation, ou du moins pas de manière à ce qu’on y attache de l’importance dans ce rapport. A noter cependant la loi Berteaux du 21 mars 1905 qui met fin aux dispenses de service militaire et déclare la conscription universelle et obligatoire au nom de l’égalité entre les citoyens[viii].

B. Réformer l’armée: une nécessité se faisant de plus en plus sentir depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale

A l’issue de la Seconde Guerre Mondiale s’impose la nécessaire réforme de l’armée, les français ayant encore à l’esprit la débâcle et l’humiliation de 1940. Cependant les réformes se font attendre et les échecs militaires français, accompagnés d’une forme de honte dans l’opinion publique, s’accumulent lors des guerres de décolonisation tout d’abord en Indochine avec la retentissante défaite à Dien Bien Phu, puis en Algérie. Dans le premier cas les conscrits ne sont pas appelés et vivent les évènements depuis la métropole où, malgré la propagande et le désintérêt de la population, le déshonneur et l’incompréhension sont les sentiments qui dominent. La caducité des tactiques françaises et l’inertie du commandant militaire ont une fois de plus été mises en évidence[ix]. La guerre d’Algérie a également porté un coup majeur à l’image de l’institution militaire au sein de la société française. Que ce soit l’envoi des jeunes conscrits en première ligne, les accusations de torture, l’incapacité à contenir la guérilla algérienne ou le putsch raté des généraux de  1961, la confiance des français n’a fait que se dégrader. La Guerre du Golfe vient aggraver la situation de l’armée française. Elle met en évidence la nécessité d’adapter les forces militaires françaises à un monde en perpétuelle mutation. En effet l’intervention qui suivie l’invasion du Koweït par l’Irak a permis à la France de se rendre compte des multiples difficultés à projeter 26 000 soldats à l’étranger[x]. La structure conventionnelle des forces armées, fondée sur la supériorité numérique permise par la conscription, ne répond plus à un objectif d’efficacité opérationnelle. Par ailleurs la prolifération nucléaire qui a lieu dans la seconde moitié du 20ème siècle vient remettre en question l’importance des effectifs humains dans les conflits armés.

Discours du Général Charles de Gaulle à Alger le 4 juin1958 au cours duquel il prononca le fameux “Je vous ai compris

De plus il convient de noter que dans les années 1990 les jeunes français perçoivent davantage le service militaire comme une corvée et une perte de temps. En 1996-1997, loin est le temps où celui-ci était considéré comme un devoir civique aux bénéfices sociaux-éducatifs, encore plus loin se trouve le temps où le service national avait une portée uniquement militaire i.e. former les citoyens à se battre dans les armée[xi]. Même si l’opinion reste partagée quant au maintien du service militaire, une tranche de plus en plus importante de la population tend à supporter sa suspension[xii].

C. Les raisons de la suspension du service militaire obligatoire

La décision de supprimer la conscription jouissait non seulement d’un soutien populaire mais également d’un certain consensus politique. En effet suite à la dissolution de l’Assemblée Nationale en 1996 par Jacques Chirac la gauche l’emporte aux élections législatives donnant ainsi à Lionel Jospin les rênes du gouvernement français. Cependant la cohabitation n’a pas compromis la volonté de mettre fin au service militaire, elle l’a même renforcée en lui conférant un caractère consensuel[xiii].

Les raisons de cette décision à la fois stratégique et hautement symbolique sont multiples.

Tout d’abord la professionnalisation permet de développer une force de projection moderne et fiable. Comme le précise la Une de Ouest France (bof pour la source) le 23 février 1996, le but de cette manœuvre est de passer « d’une posture dissuasive, statique, à une attitude de prévention et de projection de nos forces, qui est en effet plus adaptée aux menaces du monde tel qu’il va »[xiv].

Par ailleurs, le traité de Maastricht lance en 1993 la construction de l’Union Européenne qui impose à la France de rééquilibrer ses comptes. Cela se traduit logiquement par une réduction des budgets militaires, l’URSS ayant été dissolue en 1991. Mettre fin au service militaire permet de faire des économies considérables car il fallait loger, nourrir et rémunérer 212 000 jeunes hommes chaque année. Si nous ne prenons en compte que leur rémunération mensuelle qui oscillait entre 450 et 750 francs par mois[xv], nous aboutissons à un coût s’élevant entre 246,7 millions €/an et 411,2 millions €/an pour l’ensemble d’une génération[2]. Par ailleurs il faut également prendre en compte la mobilisation du personnel encadrant ce qui représentait plusieurs dizaines de milliers de militaires professionnels dits d’active[xvi]. Cependant il convient de relativiser les économies réalisées en supprimant la conscription car en parallèle nous pouvons imaginer qu’ont été effectuées des dépenses afin de moderniser les troupes d’active.

En outre il ne faut pas oublier que la dimension sociale du service militaire était quelque peu pervertit par les passe-droits et multiples dispenses accordés à un appelé sur trois… De plus le brassage de classes sociales n’avait pas lieu puisque les 3/4 des Français les plus défavorisés rejoignent les rangs de l’armée de terre. Les plus favorisés se retrouvent le plus souvent en outre-mer, à l’étranger ou même dans des ministères[xvii],[xviii]. Aussi certains échappaient au service national militaire et effectuaient  à la place un service national civil au sein d’une administration publique. En 1996, 15.5% du contingent effectuait un service civil[xix].

C’est donc logiquement que le service militaire est suspendu le 28 octobre 1997 par le Président de la République Jacques Chirac qui l’avait annoncé dès le 22 février 1996. Désormais le service national, militaire ou civil, est effectué sur la base du volontariat.

Le 3 juillet 1978, de jeunes appelés apprennent à marcher au pas sous les ordres d’une sergent-instructeur sur la base aérienne de Metz-Frescaty.

D. Depuis 1997, l’isolement progressif de l’armée vis-à-vis du reste de la société

La professionnalisation des armées en 1997, bien que nécessaire sur le plan stratégique, est venue dégrader davantage le lien armée-nation, malgré le fait que les enquêtes d’opinion ne reflètent pas nécessairement ce déclin[xx].

En effet la fin du service militaire est venue créer de nouveaux challenges pour la société française. Tout d’abord l’armée perd en visibilité au sein de la société civile. Cela se traduit notamment par un éloignement géographique : la réduction des effectifs conduit à une diminution du nombre d’unités militaires créant alors des déserts militaires où seuls se trouvent des gendarmes et des personnels en charge du recrutement[xxi],[xxii].

La suspension du service national risque également de donner naissance à une caste de guerriers déconnectés de la société qu’ils sont censés défendre. Comme le disent très justement Amaury De Cassagne et Martial Ruffet dans leur recherche Le lien armée-nation : Historique et perspective : « le citoyen-soldat laisse place au soldat-citoyen »[xxiii]. L’armée tend en effet à se marginaliser de sa nation menant alors à l’affaiblissement du sentiment d’appartenance collective à un groupe national soudé. En parallèle se profile une perte d’adhésion de la population civile aux missions des armées en partie due à une moins bonne compréhension du fonctionnement de l’institution militaire. Ce vide n’est malheureusement pas comblé, il est même creusé par l’absence des questions de défense dans la majorité des débats politiques. Les civils deviennent alors de plus en plus indifférents à ces questions, les percevant davantage comme réservées aux experts. Une perte d’adhésion à l’armée fait peser la menace d’une perte de légitimité de cette dernière car la volonté politique à laquelle elle obéit repose sur la volonté du peuple.

Lycéens participant à la Journée de Défense et Citoyenneté (JDC)

Néanmoins, afin de pallier à une éventuelle dégradation du lien armée-nation suite à la suspension du service militaire en 1997, les dirigeants de l’époque ont décidé d’instaurer une Journée d’Appel à la Préparation de la Défense (JAPD). La JAPD sera remplacée en 2011 par la Journée Défense et Citoyenneté (JDC). Cette journée vise à éveiller et informer les jeunes de 16 à 25 ans sur l’institution militaire, ses missions ainsi que les carrières proposées par l’armée. Les jeunes sont également sensibilisés à ce qu’implique la nationalité française en matière de droits et devoirs, de solidarité nationale et de vivre-ensemble. Cependant certains voient davantage dans cette journée une opération de communication pour l’armée qui peine à séduire les jeunes[xxiv]. Bien que les passerelles entre armée et nation soient soulignées au cours de cette journée, le manque d’authenticité de cette connexion se fait sentir.

III. LA RESERVE OPERATIONNELLE ET LE LIEN ARMEE-NATION

A. Un rôle d’intermédiaire entre une nation et son armée

Penchons-nous désormais sur la participation de la réserve militaire opérationnelle dans le maintien du lien armée-nation. Suite à la suspension du service national, le rôle de la réserve militaire est redéfini et renforcé par la loi d’octobre 1999[xxv]. La réserve ne se repose plus sur la conscription, elle s’effectue désormais sur la base du volontariat et constitue un véritable complément de forces pour les armées. Elle devient en effet une réserve d’emploi intégrée au sein des forces armées professionnelles : les réservistes sont des militaires à part entière dont la formation opérationnelle ne laisse plus à désirer contrairement à l’ancienne réserve de conscrits[xxvi]. De plus, la réserve permet d’associer compétences civiles et militaires afin de créer des unités spécialisées comme la 53ème Compagnie Spécialisée de Réserve du 19ème Régiment du Génie de l’Armée de Terre à laquelle j’appartiens et dont j’ai décrit les missions dans mon Rapport de Parcours Civique. Les réservistes peuvent intervenir dans le cadre de missions de pointe comme ce fut le cas pour des techniciens en radioprotection et des atomiciens de la réserve de la Marine Nationale lors de l’Arrêt Technique Majeur 2 du porte-avions Charles de Gaulle en 2017[xxvii]. Afin d’inciter les membres de la société civile à rejoindre la réserve militaire, l’Etat a mis en place des aides financières telles que une paye net d’impôt et identique à celle des militaires d’active, des primes de fidélité et des aides pour financer le permis de conduire ou ses études.

La réserve opérationnelle représente un intermédiaire entre une nation et son armée comme le souligne le rapport d’information sur les relations entre la Nation et son armée, présenté par le député Bernard Grasset en 1999. Elle contribue tout d’abord au rayonnement de l’armée dans la société civile et ce auprès de toutes les catégories sociales comme en témoigne la diversité des effectifs qui composaient ma FMIR en juillet 2020. En effet comme le précise Bernard Grasset, la réserve « fera d’eux des relais d’opinion capables de répandre, en dehors de l’institution, leurs connaissances de l’outil militaire ». De plus, « à travers leur présence, c’est un peu de la vie quotidienne de la Nation qui pénétrera dans les casernes et les unités et permettra de diversifier une monoculture militaire» [xxviii].

B. Les limites de la réserve opérationnelle comme outil de renforcement du lien armée-nation

Néanmoins il convient de relever les critiques adressées à la réserve opérationnelle et à son prétendu rôle d’intermédiaire entre une nation et son armée. La réserve militaire est à la fois mal intégrée au reste de l’armée et manque cruellement de visibilité auprès de la population civile.

J’ai personnellement été marqué par le mépris réciproque qu’il pouvait exister entre militaires d’active et réservistes. Les premiers étant considérés comme des « brutes ignorantes » par les seconds qui sont à leur tour traités d’« amateurs jouant aux soldats ». Afin de répondre à ces accusations les réservistes doivent fournir un effort supplémentaire afin de s’intégrer et de ne pas détonner aux côtés de l’armée régulière. Par ailleurs les réservistes doivent respecter une obligation de présence de 5 jours minimum par an. En moyenne ils ont effectué 27,9 jours de service en 2015[xxix]. Cette présence cumulée, inférieure à un mois, nous fait nous interroger quant à la bonne intégration et au maintien des capacités opérationnelles de ces civils.

Par ailleurs, comme nous pouvons le voir sur le tableau suivant, les chiffres de présence sont tirés vers le haut par les anciens militaires qui effectuent en moyenne plus de 10 jours de service dans la réserve que leur camarade de la société civile[xxx].

En outre, comme mentionné par Amaury de Cassagne et Martial Rufflet, la hiérarchie militaire peut avoir un aspect dissuasif pour certains. En effet, quand un civil est en bas de la hiérarchie socio-professionnelle, celui-ci ne voudra pas retrouver la même position une fois dans la réserve militaire. De la même manière ceux situés plus haut dans la hiérarchie socio-professionnelle ne souhaitent pas risquer de « régresser » en rejoignant la réserve.

Par ailleurs, bien que la proportion de réservistes issus de la société civile soit en constante augmentation par rapport aux anciens militaires d’actives, la réserve opérationnelle ne jouit que d’une visibilité limitée auprès des civils. En effet très peu sont informés de ses missions et des modalités d’engagement[xxxi]. Par exemple, très peu de personnes savent que les missions Sentinelles sont en grande partie effectuées par des réservistes. Beaucoup de français ont pris conscience de l’existence de la réserve opérationnelle en juillet 2016 à la suite de l’attentat de Nice quand le Président Hollande et son Ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve appelèrent les Français à rejoindre les rangs des réservistes de l’armée. Ce sont alors multipliés les articles de journaux expliquant ce qu’est la réserve opérationnelle[xxxii],[xxxiii]. Le manque de proximité avec la société civile s’illustre également par le fait que la majorité des réservistes rejoignent leur unité de rattachement pendant leurs congés afin d’éviter de nuire à leur carrière professionnelle.  Ainsi peu d’entreprises sont sensibilisées à ce que représente la réserve opérationnelle et la perçoivent davantage comme un hobby[xxxiv]. Cependant certaines, par le biais de conventions avec le Ministère de la Défense, accordent 20 ou 30 jours à leurs employés pour rejoindre l’armée, au-delà du minimum légal de 5 jours par an[xxxv].  L’armée doit donc consentir à des efforts supplémentaires en communication et coopération avec la société civile afin que celle-ci se sente concernée par les questions de sécurité et s’investisse pleinement afin d’y apporter une réponse collective crédible.

IV. 12 PROPOSITIONS POUR RENFORCER LE LIEN ARMEE-NATION

Attaquons nous désormais au cœur de ce rapport. Les mesures proposées ici s’appuient sur un constat simple : le manque d’intérêt des français pour leur sécurité nationale.

Les français ont du mal à percevoir le lien logique et nécessaire qui unit une nation à son armée. Nous n’envisageons plus de manière naturelle la centralité de l’armée dans notre conception de la nation. En effet, l’intégrité du territoire français n’a pas été menacée depuis plusieurs décennies et le risque de guerre entrainant des pertes françaises massives reste très faible, malgré la situation en Europe de l’Est qui nous laisse à penser autrement. Ne se sentant pas menacée, la nation française ne ressent pas le besoin de développer ses capacités de défense. Celles-ci sont par ailleurs en partie déléguées à des institutions internationales qui agissent militairement ou diplomatiquement en amont des conflits avant qu’ils n’atteignent nos frontières. Dans ce contexte, les français ne s’emparent pas des questions de sécurité nationale et les considèrent non-pertinentes. L’armée ne remplissant plus son rôle de fédérateur national, nous observons un affaiblissement de notre identité collective, une désaffiliation sociale et le développement de l’individualisme[xxxvi].

En ayant à l’esprit ces problématiques, qui dépassent le simple cadre de la réserve opérationnelle à laquelle j’appartiens, nous allons nous attacher à proposer des mesures concrètes afin de renforcer le lien armée-nation. Ces propositions visent à rassembler les français autour d’un esprit de défense et de solidarité nationale leur permettant de faire face aux menaces internes et externes qui pèsent sur leur nation.

A. L’Education Nationale, vecteur d’unité nationale

Proposition 1 : Renforcer la coopération interministérielle entre l’Education Nationale et le Ministère de la Défense.

Cette mesure sous-tend toutes celles concernant les établissements scolaires français. Il est par exemple nécessaire que les professeurs, conseillers d’orientation et chefs d’établissement aient à leur disposition un carnet des adresses des unités militaires les plus proches. Comme nous le verrons par la suite, cela facilitera les démarches des écoles et favorisera le rapprochement avec l’univers militaire.

Proposition 2 : Permettre à l’armée d’accompagner les élèves dans leurs choix d’orientation.

Cela commencerait dès la classe de 3ème dans le cadre des stages en entreprises. Nous pouvons imaginer que le Ministère de la Défense communique aux établissements scolaires des offres de stage ciblant spécifiquement ces élèves. Cela permettrait aux jeunes de découvrir suffisamment tôt les métiers de la Défense et ainsi élargir leur choix en matière d’orientation. De plus, l’armée pourrait intervenir auprès des collégiens en 3ème afin de les informer des débouchés militaires qu’il existe après avoir passé un baccalauréat professionnel ou technologique i.e. des cursus permettant d’acquérir des compétences recherchées par l’armée.

Dans la même logique, l’armée pourrait accompagner les élèves de Terminale dans leurs choix d’orientation. Elle proposerait notamment aux élèves peu enclins aux études longues d’opter pour un Brevet de Technicien Supérieur (BTS) ou toute autre formation dont les compétences sont recherchées par l’armée. Cela s’effectuerait en échange d’une offre d’emploi militaire à l’issue de la formation sous condition d’obtention du BTS.

En effet, même si le jeune en difficulté décide de ne pas rejoindre l’armée, il aura suivi une formation technique comme un baccalauréat professionnel, technologique ou un BTS le préparant à des métiers manuels ce qui résorberait la pénurie de main d’œuvre et réduirait le chômage des jeunes. Cela permettrait également d’éviter l’arrivée à l’université d’élèves ayant peu d’appétence pour les études et ayant fait ce choix par défaut. Ceux-ci sont amenés à se retrouver sur un marché du travail presque saturé qui ne leur permet pas d’envisager sereinement leur entrée dans la vie active.

En revanche, pour les élèves motivés par des études plus longues, l’armée peut proposer le financement de leur parcours post-bac en échange d’un engagement dans la réserve opérationnelle. De plus, cette bourse leur permettrait d’éviter de cumuler les jobs étudiants et ainsi de se concentrer entièrement sur leurs études. Des offres de financement d’études en contrepartie d’un engagement militaire professionnel existent déjà. Toutefois je les considère trop contraignantes et ne s’adressant qu’à des individus étant déjà attirés par l’armée. Elles ne renforcent pas le lien armée-nation car elles ne ciblent pas des jeunes étrangers au milieu militaire. Un engagement dans la réserve serait l’occasion pour eux de découvrir l’institution militaire en parallèle de leurs études ce qui pourrait influencer leurs choix professionnels par la suite.

Afin que ces mesures soient efficaces il convient que les élèves en soient informés de manière systématique que ce soit par les professeurs principaux, les conseillers d’orientation ou encore par le biais d’interventions de professionnels de la Défense dans les lycées. En revanche, il est important que ces derniers soient jeunes dans la mesure du possible afin de créer de la proximité avec les élèves et ainsi faciliter l’échange. Il serait donc bon d’exiger un certain nombre de jours dans le contrat des militaires durant lesquels ils iraient dans les établissements scolaires afin d’informer et tenter d’inspirer les jeunes générations.

De manière indicative, l’Education Nationale souhaite que les lycées mettent en place 54 heures/an d’orientation. Cependant afin de s’assurer que les élèves prennent le temps de considérer les offres de l’armée, et de manière générale préparent leur orientation de manière optimale, il est souhaitable de rendre ces 54 heures d’orientation obligatoires pour les classes de Première et de Terminale comme préconisé par les députés Régis Juanico et Nathalie Sarles[xxxvii]. Toutefois le caractère indicatif de ces heures permettait aux enseignants de s’adapter aux réels besoins de leurs élèves sans avoir à surcharger leurs emplois du temps. Par conséquent, je propose de passer de 54h/an (1h30/semaine) à 36h/an (1h/semaine). Le but est que chaque élève puisse bénéficier de 36 heures annuelles minimum afin de réfléchir à son avenir. Ces 36 heures prendraient la forme d’interventions par des professionnels au sein des établissements (des fonctionnaires du Ministère de la Défense par exemple), la visite de salons étudiants ou encore des entretiens individuels avec les professeurs principaux et les conseillers d’orientation.

Proposition 3 : Réformer l’enseignement « éducation morale et civique » au lycée.

Tout d’abord il faudrait revoir le programme de 1ère d’éducation morale et civique portant sur le lien social[xxxviii] afin qu’il donne une place centrale au concept de nation. Les lycées doivent prendre conscience qu’en tant que français ils s’inscrivent dans une continuité historique et qu’ils contribuent à forger la nation française, dont la nature n’est pas figée dans le temps et est sujette à l’influence d’autres peuples. Dans cette perspective, ils doivent connaître à la fois les symboles nationaux (hymne, drapeau, devise) et les évènements historiques majeurs qui ont transformé en profondeur la communauté nationale. Il s’agit ici d’aider les jeunes dans la construction de leur identité et ainsi renforcer le sentiment d’appartenance nationale ainsi que la solidarité nationale qui en découle.

De la même manière que pour la proposition précédente, je préconise de rendre systématique l’intervention de militaires dans les classes lorsque sont abordées les questions de défense nationale en classe de Terminale. Cela prendrait la forme d’un court exposé oral de l’intervenant suivi d’un échange non seulement entre l’intervenant et les élèves mais également entre les élèves.

Proposition 4 : Créer une option « La Défense » au lycée.

Cette option qui pourra être présentée au baccalauréat sera proposée 2 heures par semaine dès la classe de Seconde. En choisissant cette option, les lycéens recevront une formation théorique sur l’armée, ses missions, son histoire, ses effectifs, ses codes ou encore sur la place du soldat dans la société. A cela s’ajoutera des visites régulières de bases militaires et de lieux de commémoration afin d’aller à la rencontre de professionnels, les mieux à même de présenter l’institution militaire. Les élèves souhaitant présenter l’option « La Défense » à l’épreuve du baccalauréat seraient évalués par un oral portant sur la thématique militaire de leur choix. S’effectuerait ensuite un entretien avec le jury afin de s’assurer que le candidat ait compris la place de l’armée dans la société ainsi que ce qu’implique le statut de militaire.

Toutefois, une option peut être présentée dans un lycée seulement si suffisamment d’élèves sont intéressés et si l’établissement et ses professeurs ont la volonté de présenter l’option en question. La première condition sera traitée plus loin dans ce rapport. Quant à la seconde condition, il faudrait sensibiliser les étudiants souhaitant intégrer le corps professoral aux enjeux de défense nationale. Cela s’effectuerait dans le cadre du parcours préparatoire au professorat des écoles en licence ainsi qu’en incluant des questions de sécurité nationale dans le concours du CAPES et de l’Agrégation. 

Proposition 5 : Créer davantage de lycées militaires et réformer les conditions d’éligibilité.

Comme le conseille l’IHEDN[xxxix], il serait bénéfique de reformer les conditions d’admission dans les lycées militaires en réservant 70% des places pour les enfants de militaires et en accueillant les 30% restant sur seul critère géographique. Cela permettrait de développer une mixité entre les milieux militaire et civil. L’augmentation du nombre de lycées militaires viendrait alors prévenir une diminution de l’offre pour les enfants de militaires tout en créant l’opportunité pour davantage de jeunes français d’évoluer dans un nouvel environnement.

Lycées militaires en France

B. Attirer les talents et les jeunes générations pour faire face aux menaces actuelles

Comme le souligne l’Institut Montaigne en février 2021, ces derniers années de nouvelles menaces ont fait leur apparition sous l’impulsion du progrès des technologies de la communication et de l’information. En particulier sont soulignés les enjeux de la cybersécurité et le fait que la France ne dispose pas de « doctrine dissuasive visant la cybercoercition »[xl]. Afin d’adapter et moderniser nos systèmes de défense, tout en renforçant le lien armée-nation, je considère que l’armée doit s’appuyer sur les jeunes générations plus en prise sur les enjeux que représentent les nouvelles technologies.

Proposition 6 : Créer une Grande Ecole de Cybersécurité

La sixième proposition de ce rapport consiste à créer une Grande Ecole de Cybersécurité. Au 20ème siècle, l’aéronautique s’est imposée comme un enjeu de souveraineté et la France a répondu à ce défi en créant l’école Supaéro en 1909. De la même manière elle doit se doter d’une école formant des ingénieurs de très haut niveau dans le domaine de la cybersécurité.

Tout comme l’ISAE-Supaero, cette Grande Ecole de Cybersécurité serait placée sous la tutelle du ministère de la Défense et accueillerait à la fois des élèves issus de classes préparatoires, des élèves ingénieurs de l’Ecole Polytechnique ou de différents corps d’armement ainsi que des officiers militaires suivant des formations en cybersécurité. Ainsi, de la même façon que pour la réforme des lycées militaires, cette Grande Ecole de Cybersécurité favoriserait le brassage des cultures militaires et civiles comme souligné par le rapport d’information des députés B. Lachaud et A. Valetta-Ardisson[xli]. En s’inspirant du modèle de l’Institut National du Service Public (anciennement Ecole Nationale d’Administration), les diplômés de cette Grande Ecole de Cybersécurité seraient tenus de servir l’Etat français pendant plusieurs années à la fin de leurs études.

Cette Grande Ecole de Cybersécurité pourrait éventuellement voir le jour au sein du cybercampus qui a été inauguré à La Défense à Paris le 15 février 2022.

Cette mesure vise à attirer les jeunes ne manifestant pas un intérêt particulier pour l’institution militaire et sa dimension guerrière. Cette école leur permettrait d’envisager de travailler pour la sécurité de leur pays, au sein de la DGSE par exemple, sans avoir à adopter des codes et normes qui ne leur conviennent pas tel que le port de l’uniforme. Les institutions en charge de la défense nationale ont tout intérêt à attirer les jeunes talents ayant peu de considération pour les traditions militaires, à l’image du personnage de César Morin un génie de l’informatique dans la série Le Bureau des Légendes. La modernisation de l’image de l’armée sera abordée par les propositions 8 et 9.

Proposition 7 : favoriser l’innovation dans le domaine du cyber

Toujours dans la perspective de renforcer le lien armée-nation tout en dotant la France des outils nécessaires pour assurer sa souveraineté dans le cyberespace, je propose de favoriser le développement de start-ups dans le cyber.

L’Institut Montaigne fait le constat suivant : la France ne possède pas suffisamment d’éditeurs de logiciel de cyberdéfense ce qui créé une forme de dépendance technologique envers des nations plus avancées comme les Etats-Unis. L’Institut Montaigne recommande alors de développer les passerelles entre le public et le privé pour permettre aux fonctionnaires experts en cybersécurité de monter leur propre start-up. Ils bénéficieraient ainsi d’investissements privés et de davantage de flexibilité dans leur modèle de développement afin d’innover au service de la France. A cela s’ajouterait une plus grande collaboration entre les écoles, les instituts de recherche et les fonctionnaires pour créer des équipes d’experts dédiées à la recherche et l’innovation. Ces équipes se réuniraient au sein d’incubateurs et auraient accès à des données réelles, donc sensibles, afin d’optimiser leurs conditions de travail[xlii].

C. Moderniser la communication de l’armée et engager le grand public

Il est nécessaire que l’armée modernise son image afin de faire adhérer la population à ses missions. Face au désintérêt des français, les militaires se doivent d’être actifs en initiant le renforcement du lien armée-nation.

Proposition 8 : Organiser des journées portes-ouvertes des unités partout sur le territoire.

Ces journées portes-ouvertes auraient lieu tous les ans le temps d’un week-end. Elles s’inscrivent dans la continuité de l’évènement grand public de 2 jours « La Fabrique de la Défense » lancé en 2020 et ayant lieu tous les ans à Paris. Des journées portes-ouvertes annuelles auraient pour but de sensibiliser le grand public aux questions de défense et de sécurité en les accueillant sur les camps militaires partout en France. En plus des unités militaires, nous pouvons envisager que des entreprises telles que Dassault, Thalès ou Safran fassent elles aussi des journées portes-ouvertes. Les français pourraient alors participer à des tables rondes, assister à des conférences, se rendre à des forums et découvrir le complexe militaro-industriel français. L’objectif est de rapprocher les français et leur armée et ainsi faire face aux a priori sur la vie des militaires et leurs missions. Si cette expérience est concluante, c’est-à-dire si elle parvient à attirer un grand nombre de visiteurs, nous pourrions considérer l’allonger à plusieurs jours comme c’est le cas pour le Fête de la Science par exemple.

Journée portes-ouvertes au 48ème Régiment de Transmission d’Agen en septembre 2021.

Proposition 9 : Produire une série télévisée sur les forces armées.

Afin de lever le voile sur l’institution militaire et créer un attachement émotionnel avec les forces armées, je propose de suivre les recommandations de l’IHEDN et de créer une série télévisée[xliii]. Celle-ci serait diffusée sur une chaîne de télévision publique ou bien sur des plateformes de streaming comme Netflix ou Amazon Prime pour toucher davantage les jeunes qui regardent moins la télévision. A la manière du Bureau des Légendes, cela permettrait d’informer le grand public des missions de l’armée et de promouvoir le travail de tous les acteurs civils comme militaires impliqués dans la défense nationale. Seraient alors mis en évidence les missions de maintien de la paix et leur dimension humanitaire qui tend à être occultée par l’image traditionnelle guerrière que le grand public a des interventions militaires.

Affiche de publicité pour la série de Canal+ “Le Bureau des Légendes”

L’objectif de cette série télévisée est de créer un sentiment de fierté au sein de la population française et éventuellement de faire naître des vocations. Par ailleurs, cette série serait l’occasion de réaffirmer l’importance de valeurs telles que la solidarité, le courage et le respect qui doivent constituer le socle des interactions sociales au sein de la société française.

Le discours à tenir par l’armée est celui du rassemblement et de l’ouverture. Elle doit regagner l’approbation et la confiance de la nation qu’elle a pour mission de protéger. Pour cela, elle doit sortir de son isolement, dépasser les préjugés et s’éloigner de l’image uniquement guerrière qu’on lui prête. Il est donc primordial de renforcer le sentiment patriotique sans toutefois verser dans la xénophobie et le repli sur soi-même qui seraient dangereux pour la France tant du point de vue de son prestige à l’international que de sa cohésion interne.

D. Repenser le rôle de la réserve opérationnelle

L’engagement de nombreux français dans la réserve opérationnelle viendrait concrétiser les efforts consentis dans le cadre des mesures proposées précédemment. Un tel engagement représenterait l’aboutissement de leur parcours de sensibilisation aux enjeux de défense débuté à l’école. C’est l’occasion pour eux de s’engager pour la défense de leur pays sans en faire leur activité professionnelle principale. Il est donc nécessaire que la réserve opérationnelle gagne en attractivité et qu’elle assume davantage de responsabilités afin de renforcer le lien armée-nation.

Proposition 10 : Améliorer la visibilité de la réserve opérationnelle.

Il convient tout d’abord d’augmenter la visibilité de la Garde Nationale auprès du grand public. Comme le conseille Michel Baud dans son rapport « Les Réserves en Première Ligne ? Du Citoyen-Soldat à l’Intérim » pour l’IFRI[xliv], nous pourrions envisager une participation systématique d’unités de réserve au défilé du 14 juillet sur les Champs Elysées. Elles profiteraient ainsi d’un véritable coup de projecteur étant donné que près de 10.2 millions de téléspectateurs ont suivi le défilé en 2021[xlv].

Les efforts de communication doivent également être orientés en direction des entreprises. Des politiques en ce sens ont été portées ces dernières années avec notamment l’augmentation du nombre de correspondants réserve-entreprise-défense (CRED). Ceux-ci sont en charge de faciliter les relations entre la société civile et l’institution militaire en sensibilisant les employeurs aux bénéfices que peuvent apporter des collaborateurs réservistes à leur entreprise. Afin de faciliter leur travail, nous pourrions nous inspirer du modèle britannique et mettre en place un passeport de compétences pour les réservistes français[xlvi]. Celui-ci permettrait de valoriser les compétences acquises lors de leurs missions de réserviste et de les transférer au monde de l’entreprise.

Proposition 11 : Redéfinir les missions des réservistes.

Je propose d’élargir les prérogatives de la réserve opérationnelle afin de renforcer la résilience de l’Etat en cas de catastrophes naturelles ou industrielles. Les réservistes participeraient à la Posture Permanente de Sécurité sous le statut de forces prépositionnées.

En cas de crise, les maires ou autorités politiques locales auraient accès au site Internet de la réserve opérationnelle afin d’y publier une demande de personnels. Les réservistes disponibles effectueraient alors les tâches les plus simples telles que le regroupement des sinistrés dans des gymnases, la distribution de denrées, le nettoyage d’habitations… Ainsi ils permettraient aux pompiers, secouristes et unités spécialisées de se concentrer sur les missions urgentes et complexes.

Lors d’une catastrophe naturelle ou industrielle, afin de gagner en réactivité, il convient de raccourcir à quelques jours le délai permettant aux employeurs de refuser la mobilisation de leur employé par la réserve opérationnelle. Cependant, afin de ne pas pénaliser davantage les entreprises, les jours de mobilisation en cas de crise seront décomptés des 5 jours/an obligatoires que les employeurs doivent mettre à disposition de leurs salariés réservistes.

Par ailleurs, cette mesure redonnerait du sens à l’engagement des réservistes en leur permettant d’être au contact des populations civiles qu’ils ont mission de protéger. En effet ils sont le plus souvent appelés pour des périodes d’entrainement ou de garde de base militaire, les missions Sentinelle ne concernant qu’une minorité. De plus, cette mesure rappelle l’importance du devoir de disponibilité dont doivent faire preuve les militaires : ils sont mobilisables en tout temps pour servir leur pays.

Cette proposition nécessiterait une augmentation du nombre d’unités de réserve dans le but de mettre fin aux déserts militaires et de donner l’opportunité à davantage de français de s’engager. Comme le précise l’Institut Montaigne, 80% des réservistes vivent à moins de 50km de leur domicile en 2016[xlvii]. Il faut donc par exemple poursuivre le projet d’extension du maillage territorial entamé par l’armée de terre en 2014[xlviii] et ce en recourant au jumelage de compagnie afin de renforcer les liens entre autorités civiles et militaires comme préconisé par l’IFRI[xlix].

Proposition 12 : Prendre en compte l’engagement dans la réserve dans le calcul des retraites.

Dans le contexte de la campagne présidentielle, la question de la réforme du système des retraites est au cœur des débats. Ce serait l’occasion de proposer une reconnaissance des efforts fournis par les réservistes dans le cadre de leur engagement. Que ce soit l’IHEDN ou l’Institut Montaigne, tous deux proposent de prendre en compte les jours de service dans le calcul des retraites. Cela permettrait d’accroitre l’attractivité de la réserve opérationnelle et éventuellement de convaincre certains français à franchir le pas de l’engagement.

E. Les dépenses associées à ces mesures et leur financement

Les propositions décrites dans ce rapport sont associées à des coûts financiers importants notamment en ce qui concerne l’augmentation du nombre de lycées militaires, la création d’une Grande Ecole de Cybersécurité ou encore le renforcement du maillage territorial avec de nouvelles unités de réservistes.

Entreprendre ces mesures et leur accorder suffisamment de fonds nécessite une volonté politique portée par des ambitions de souveraineté nationale et de résilience collective. L’Etat doit consentir à ces efforts budgétaires en faveur du renforcement du lien armée-nation car comme le disait le Général Charles de Gaulle le 16 juin 1946 à Bayeux : «  La Défense ! C’est la première raison d’être de l’État. Il n’y peut manquer sans se détruire lui-même. » Comme le montre le projet de loi de finances pour 2022 concernant la défense[l], la France empreinte le bon chemin avec une augmentation des crédits alloués aux activités de défense nationale.

A titre de comparaison avec les autres puissances régionales et mondiales, la France se retrouve au 8ème rang en ce qui concerne la part des dépenses militaires en pourcentage de son PIB avec 1.9% du PIB français en 2019.

Néanmoins, en fonction de la place que la France souhaite accorder à l’Union Européenne dans sa politique de défense, elle devra revoir ses prévisions budgétaires afin de se donner les moyens de ses ambitions sur la scène internationale.

Le financement de certaines propositions repose avant tout sur une réorganisation des budgets c’est-à-dire une réallocation des ressources de l’Etat à destination de nouveaux projets. La communication des armées pourrait revoir ses priorités et axer ses dépenses sur la production de la série télévisée mentionnée plus haut par exemple tout en laissant la place à une éventuelle collaboration avec des acteurs privés. D’autres propositions comme l’incorporation d’unités de réservistes lors du défilé du 14 juillet ne requièrent que des coûts marginaux de transport et de restauration.

En parallèle de ces propositions, il serait intéressant de réfléchir à la mise en place d’un comité d’évaluation avec des outils spécifiques permettant de mesurer la force du lien armée-nation. Toute politique se doit d’être évaluée afin de juger de son efficacité et d’adapter sa mise en œuvre aux difficultés non-prises en compte lors de sa conception.

CONCLUSION

Ce rapport nous a permis d’avancer des pistes de réflexion quant à la façon dont la France doit s’emparer de la question du lien armée-nation et entreprendre son renforcement.

Nous avons ainsi souligné le fait que l’intégrité territoriale française n’est aujourd’hui pas menacée, expliquant en partie le désintérêt de nos compatriotes pour les questions de sécurité et de défense. A l’inverse, les institutions étatiques sont menacées par le délitement de la solidarité nationale et la perte de confiance envers les classes dirigeantes.

Utilisée alors comme vecteur d’union nationale, l’armée doit être le moyen de diffuser un sentiment de solidarité nationale dans toutes les strates de la société. Une communauté nationale soudée est un prérequis pour une défense nationale renforcée. Les propositions de ce rapport ont en effet pour but de redonner un rôle central aux citoyens dans le maintien de notre souveraineté.

L’armée doit initier cette reprise en mains en favorisant la compréhension et l’adhésion à ses missions. Le but pour l’armée, comme mentionné au début de ce rapport, est de regagner une part de sa légitimité dépendante de sa relation avec la nation.

Cependant des années, si ce n’est des décennies, seront nécessaires au renforcement du lien armée-nation afin que nous ayons tous à cœur l’intérêt supérieur de cette nation française.

BIBLIOGRAPHIE

[1] Il est dès lors ardu d’évaluer la force du lien armée-nation étant donné que les enquêtes d’opinion ne mesure que l’image de l’institution militaire auprès de la population et non la véritable adhésion de cette dernière aux valeurs et missions de l’armée.

[2] Valeur en euro pour 2021.


[i] Article L1111-1 du Code de la Défense.  

[ii] « NATION : Définition de NATION » par le Trésor de la Langue Française informatisé (TLFi). Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales, https://www.cnrtl.fr/lexicographie/nation.

[iii] Jankowski, Barbara. « Les relations armées-société en France ». Pouvoirs, vol. 125, no 2, 2008, p. 93. DOI.org (Crossref), doi:10.3917/pouv.125.0093.

[iv] Rousseau, Jean-Jacques. Du contrat social ou Principes du droit politique et autres écrits du contrat social. Librairie Generale Franca̧ise, 2003.

[v] Weber, Max. Politik als Beruf. 1919.

[vi] Bouvier, Alban. Peuple et Nation Dans Le Contrat Social de J.-J. Rousseau : Une Conception « française » de La Nation ? : Étude de Sociologie Interactionniste Des Catégories de La Pensée Politique. Les Mots de La Nation, Sylvianne Rémi-Giraud and Pierre Rétat, Presses universitaires de Lyon, 2021, pp. 199–217. OpenEdition Books, http://books.openedition.org/pul/1901.

[vii] Manière, Fabienne. ‘5 Septembre 1798 – Naissance Du Service Militaire’. Herodote.Net, 4 Sept. 2019, https://www.herodote.net/5_septembre_1798-evenement-17980905.php.

[viii] Maurice, Berteaux. ‘Loi Modifiant La Loi Du 15 Juillet 1889 Sur Le Recrutement de l’Armée et Réduisant à Deux Ans La Durée Du Service Dans l’Armée Active ’. Bulletin Des Lois de La République Française N°2616, Loi n°45814, 21 mars 1905, https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k215437x.

[ix] Colonel Durand, Thierry. ‘Dien-Bien-Phû, l’implacable poids des principes de la guerre 2/2’. Pensées mili-terre – Article – Centre de doctrine et d’enseignement du commandement, 24 mai 2020, https://www.penseemiliterre.fr/article-niv4_1013077.html.

[x] Cazeneuve, Bernard, Michèle Rivasi et Claude Lanfranca. Les conditions d’engagement des militaires français ayant pu les exposer, au cours de la guerre du Golfe et des opérations conduites ultérieurement dans les Balkans, à des risques sanitaires spécifiques. Rapport d’information, n°3055, Assemblée Nationale, 15 mai 2001, https://www.assemblee-nationale.fr/rap-info/i3055-10.asp.

[xi] Thieblemont, André. Les Français et Le Service National : Ses Fonctions et Ses Représentations Dans La Société Française Contemporaine (1970 – 1996). Centre d’études en sciences sociales de la défense, 1997.

[xii] Merchet, Jean-Dominique. ‘Service militaire: Les Français changent de camp.’ Libération, 19 septembre 1997, https://www.liberation.fr/france-archive/1997/09/19/service-militaire-les-francais-changent-de-camp_214476/.

[xiii] Cassagne, Amaury de, et Martial Rufflet. Le lien armée-nation: historique et perspective. Presses universitaires de la Méditerranée, 2007.

[xiv] Gourin, Didier. ‘Il y a 25 Ans, La Fin Du  Service Militaire : Ce Qu’en Disent Les Anciens Appelés Du Contingent’. Ouest France, 17 avril 2021, https://www.ouest-france.fr/culture/histoire/il-y-a-25-ans-la-fin-du-service-militaire-ce-qu-en-disent-les-anciens-appeles-du-contingent-4a89cb30-9bb6-11eb-ad81-37cde232b8a1.

[xv] Versailles, David W. ‘Combien Coûterait Le Retour Du Service National En France ?’ The Conversation, 12 octobre 2017, http://theconversation.com/combien-couterait-le-retour-du-service-national-en-france-83234.

[xvi] Versailles, David W. (2017)

[xvii] Thierry, Lévêque. ‘1996-1997 : Jacques Chirac signe la fin du service militaire pour les Français’. leparisien.fr, 5 juin 2018, https://www.leparisien.fr/societe/1996-1997-jacques-chirac-signe-la-fin-du-service-militaire-pour-les-francais-05-06-2018-7744305.php.

[xviii] Durupt, Frantz. ‘Service national et brassage social : une image «largement mythifiée mais particulièrement efficace»’. Libération, 28 novembre 2018, https://www.liberation.fr/france/2018/11/28/service-national-et-brassage-social-une-image-largement-mythifiee-mais-particulierement-efficace_1694512/.

[xix] Grasset, Bernard. Les Relations Entre La Nation et Son Armée. Rapport d’Information, n°1384, Assemblée Nationale, 1999, https://www.assemblee-nationale.fr/rap-info/i1384.asp.

[xx] Durandin, Catherine, et Jean Cot. « France Armée / Nation: quels liens aujourd’hui et demain ? » Diploweb.com, mars 2013, https://www.diploweb.com/Declin-de-l-armee-francaise.html.

[xxi] Capitaine Bernard Clech. Un Lien Armée-Nation Fort, Ou La Survie de l’armée. Pensée Mili-Terre, 13 juin 2018, https://www.penseemiliterre.fr/plugins/cdec/pdf/to_pdf.php?entry=344.

[xxii] Cassagne, Amaury de, et Martial Rufflet, 2007 : 32.

[xxiii] Cassagne, Amaury de, et Martial Rufflet, 2007 : 26.

[xxiv] D’Almeida, Pierre. ‘Journée défense et citoyenneté : “Fatigue et ennui” au bout de la “dernière étape du parcours citoyen”’. Franceinfo, 15 janvier 2016, https://www.francetvinfo.fr/economie/emploi/metiers/armee-et-securite/journee-defense-et-citoyennete-fatigue-et-ennui-au-bout-de-la-derniere-etape-du-parcours-citoyen_1268459.html.

[xxv] ‘Loi n°99-894, Du 22 Octobre 1999, Portant sur l’Organisation de La Réserve Militaire et Du Service de Défense’, https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000000579308#:~:text=Dans%20les%20r%C3%A9sum%C3%A9s-,LOI%20no%2099%2D894%20du%2022%20octobre%201999%20portant%20organisation,du%20service%20de%20d%C3%A9fense%20(1)&text=La%20r%C3%A9serve%20a%20pour%20objet,nation%20et%20ses%20forces%20arm%C3%A9es.

[xxvi] Cassagne, Amaury de, et Martial Rufflet, 2007.

[xxvii]Douze propositions pour refonder la sécurité nationale’. Institut Montaigne, septembre 2016, https://www.institutmontaigne.org/publications/refonder-la-securite-nationale.

[xxviii] Bernard Grasset (1999).

[xxix] « Garde Nationale » : Une Réserve Militaire Forte et Territorialisée Pour Faire Face Aux Crises, Sénat – Un site au service des citoyens. https://www.senat.fr/rap/r15-793/r15-7932.html.

[xxx] Réserviste, Civil et Militaire à La Fois. Rapport d’Evaluation de la Réserve Militaire, Conseil Supérieur de la Réserve Militaire – Ministre de la Défense, 2015, https://www.defense.gouv.fr/content/download/487020/7792707/file/Rapport%20d%C3%A9finitif%20RP2015.pdf.

[xxxi] Direction de la Fonction Militaire et  du Personnel Civil. Notoriété, Image et Attractivité  de La Réserve Opérationnelle Auprès Des Français de 18 à 39 Ans. Ministère de la Défense, Observation Social pour la Défense, novembre 2003. https://www.vie-publique.fr/sites/default/files/rapport/pdf/054000139.pdf.

[xxxii] Bastié, Eugénie. Qu’est-ce qu’un réserviste de l’armée ? Le Figaro, 15 janvier 2016, https://www.lefigaro.fr/actualite-france/2016/01/15/01016-20160115ARTFIG00095–quoi-servent-les-reservistes-de-l-armee.php.

[xxxiii] Lemaistre, Clémence. ‘Bernard Cazeneuve appelle à rejoindre “la réserve opérationnelle”’. Les Echos, 16 juillet 2016, https://www.lesechos.fr/2016/07/bernard-cazeneuve-appelle-a-rejoindre-la-reserve-operationnelle-215754.

[xxxiv] Direction de la fonction militaire et du personnel civil, Les Réservistes sous ESR aujourd’hui – Repères socio démographiques, Observatoire social de la défense, Secrétariat Général pour l’Administration, mai 2005, http://www.defense-et-republique.org/1Fichiers/reserves/2005_05_13%20rapport%20sociologie%20ESR.pdf.

[xxxv] Ratouis, Alix. ‘Les réservistes, ces civils qui nous protègent’. Le Point, 17 février 2016, https://www.lepoint.fr/societe/les-reservistes-ces-civils-qui-nous-protegent-17-02-2016-2018938_23.php.

[xxxvi] Muxel, Anne. L’Engagement. Les Champs de Mars, Revue n°33, Presses de Sciences Po, juillet 2020.

[xxxvii] Juanico, Régis, and Nathalie Sarles. L’Evaluation de l’Accès à l’Enseignement Supérieur. Rapport d’Information, Assemblée Nationale, juillet 2020, https://www.assemblee-nationale.fr/dyn/15/rapports/cec/l15b3232_rapport-information.

[xxxviii]Programmes et ressources en enseignement moral et civique – voie GT’. éduscol | Ministère de l’Éducation nationale, de la Jeunesse et des Sports – Direction générale de l’enseignement scolaire, https://eduscol.education.fr/1681/programmes-et-ressources-en-enseignement-moral-et-civique-voie-gt.

[xxxix] IHEDN. Les Acteurs de La Défense : Le Rôle Du Capital Humain Dans La Souverainté Nationale. Travaux des Auditeurs | 57e Session Natinale “Armement et Economie de Défense “, 10 janvier 2022, https://ihedn.fr/wp-content/uploads/2022/01/20211210_57_SN_AED_RAPPORT_C3_converted_V2_DRIC.pdf.

[xl] Institut Montaigne. Repenser La Défense Face Aux Crises Du 21e  Siècle. Février 2021, p. 124, https://www.institutmontaigne.org/ressources/pdfs/publications/repenser-la-defense-face-aux-crises-du-21e-siecle-rapport.pdf.

[xli] Lachaud, Bastien et Alexandra Valetta-Ardisson. Travaux d’une mission d’information sur la Cyberdéfense. Rapport d’Information, n°1141, Assemblée Nationale, juillet 2018, https://www.assemblee-nationale.fr/dyn/15/rapports/cion_def/l15b1141_rapport-information.

[xlii] Institut Montaigne (2021) : 125.

[xliii] IHEDN (2022).

[xliv] Baud, Michel. Les Réserves En Première Ligne? Du Citoyen-Soldat à l’intérim. Focus Stratégique n°39, Institut Français des Relations Internationales IFRI – Laboratoire de Recherche sur la Défense, septembre 2012, https://www.ifri.org/sites/default/files/atoms/files/fs39baud.pdf.

[xlv] Guadalupe, Florian. ‘Audiences : Quel score pour le défilé militaire du 14 juillet ?’ ozap.com, 15 juillet 2021, https://www.ozap.com/actu/audiences-quel-score-pour-le-defile-militaire-du-14-juillet/606564.

[xlvi] The British Army. Why Having Reservist Is Good for Your Business – A Guide to Employers. https://www.army.mod.uk/media/9192/20181121-army_reserves_employer_guide_2018.pdf.

[xlvii] ‘Douze propositions pour refonder la sécurité nationale’. Institut Montaigne, septembre 2016, https://www.institutmontaigne.org/publications/refonder-la-securite-nationale.

[xlviii] Bockel, Jean-Marie, and Gisèle Jourda. La Garde Nationale. Rapport d’Information n°796, Sénat, juillet 2016, https://www.senat.fr/rap/r15-793/r15-7931.pdf.

[xlix] Baud (2012).

[l] De Leggue, Dominique, and Jean-François Husson. Projet de Loi Des Finances Pour 2022 : Défense. Rapport Général n°163, Sénat, 18 novembre 2021, http://www.senat.fr/rap/l21-163-39/l21-163-391.pdf.

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